test1 

Back to Table of Contents

Le Soutra de l'Esprit sans Demeure


Ainsi ai-je entendu que le Seigneur Bouddha enseignait:

Dans tout l'univers, depuis avant le commencement du temps sans commencement, jusqu'après la fin du temps sans fin, dans toute l'énergie-matière, des plus petits quarks aux plus grands superamas de galaxies, individuellement ou collectivement, il n'y a pas la moindre expression d'ego. Voilà la grande vérité sur laquelle se basent l'illumination et l'enseignement du Seigneur Bouddha.

Etudier, comprendre et mettre en pratique cette vérité dans nos vies quotidiennes consti-tuent les clefs de la réalisation du bouddha libérateur en chacun de nous.

Ce déterminisme absolu, selon lequel la chaîne sans fin de cause et d'effet n'est jamais rompue, est diamétralement opposé à la tradition spirituelle occidentale, mais pas, par exemple, à la philosophie de Laplace (XVIIIe siècle) ou à un courant important de la philosophie contemporaine.

Alors, avec nos préjugés d'ignorants, comment nous y prendre pour réaliser cette vérité libératrice?

Le Seigneur Bouddha ne révéla pas seulement cette suprême vérité, mais aussi le chemin qui mène à sa réalisation en chacun de nous.

Ce chemin est l'observation détachée de tous les phénomènes, en tant que résultat, et uniquement le résultat, de la conjoncture de causes concurrentes, en l'absence totale de toute espèce de «volonté». Car l'illusion la plus irrésistible d'une «volonté», est celle de notre «moi»; l'observation de la non-existence de notre «volonté» individuelle et la nature, par conséquent, illusoire d'un moi indépendant et permanent, est le point de départ correct.

L'action d'observer la manière dont toutes nos pensées surgissent indépendamment de notre «volonté» inexistante, se nomme méditation. L'authentique méditation bouddhique n'est pas seulement différente de son homologue occidentale, mais elle est entreprise avec l'intention contraire: expérimenter la nature totalement involontaire du fonctionnement du cerveau, caractéristique qui est partagée non seulement avec tous les autres organes du corps, mais avec tous les phénomènes sans exception.

Une fois que ceux qui pratiquent la méditation bouddhique auront observé l'autonomie totale de leurs pensées, ils comprendront que cela est vrai pour tous les êtres humains. D'ailleurs, si tous les êtres humains sont sans ego, il en est de même pour les animaux, les plantes et, évidemment, les objets inanimés. Ainsi le bouddhisme enseigne correcte-ment qu'il n'y a pas de distinction fondamentalement signifiante entre les classes de phénomènes. Comme la science moderne le découvre actuellement, il y a des cas-limites qui effacent ce qui sépare les animaux des plantes, les entités vivantes des entités non vivantes.

Par notre pratique, nous devenons un avec tous les phénomènes. Quand nous parvenons à envisager nous-mêmes et le monde de cette manière, nous ne sommes pas séparés du monde, mais nous sommes frères des rochers et cousins des nuages («brothers to the boulders and cousins to the clouds»). La distinction entre l'intérieur et l'extérieur disparaîtra et nous envisagerons naturellement tous les phénomènes de manière détachée et objective. Selon les paroles des soutras: «(...) Devenir un observateur souverain de tous les phénomènes.» C'est ainsi que le bouddhisme nous délivre de la souffrance.

La connaissance générée par la méditation et la pratique bouddhique ont à la fois une résultante immédiate (concevoir la nature illusoire d'un «moi» permanent et indépendant), et une autre plus large (concevoir que la chaîne de cause et d'effet de toutes les circons-tances concurrentes, ou «karma», est la seule source du fonctionnement de l'univers à tous les niveaux).

N'étant plus assujettis à notre karma, nous sommes satisfaits d'être unis à lui. Nous pouvons entrer dans l'agitation illusoire du monde du «samsara» autour de nous ou retourner dans le «nirvana» selon les circonstances, car pour l'être entièrement illuminé il n'y a qu'un monde. Pour lui, il n'y a ni «samsara», ni «nirvana», ni «illumination».

Après son illumination, le Seigneur Bouddha dit: «(...) Je vois les myriades de mondes de l'univers comme de minuscules graines de fruits, (...). Je perçois la plus haute conception de l'émancipation comme le brocart doré d'un rêve, et je regarde le saint chemin des illuminés comme des fleurs apparaissant dans les nuages. Je considère (...) le nirvana comme un songe éveillé, (...) l'avènement et la disparition des croyances comme les traces du passage des saisons.»

Pour expérimenter cela, on doit avoir étudié, compris et mis en pratique cet enseignement, en devenant un Bouddha dans ce corps et dans ce monde.

La prochaine fois que vous verrez une image du Seigneur Bouddha, remarquez son sourire léger et entendu. Connaissant ces préceptes, vous comprenez ce sourire. Com-mencez à pratiquer dès aujourd'hui, de sorte que vous puissiez bientôt faire vôtre ce sourire, pour toujours.
 

Back to Table of Contents

Top of page